L'EGLISE À LA CHARNIERE DE L'HISTOIRE

Puiser dans les racines historiques d'un mouvement pour déterminer ce que serait la bonne doctrine et la bonne pratique sur la base de ce qu'il se faisait à l'époque, ne me semble pas être une démarche objective et raisonnée. En effet, certaines pratiques pouvaient être mal fondées bibliquement et les connaissances passées être parcellaires sur de nombreux sujets. 

Même si l'activité et les manifestations spirituelles de l'époque semblaient plus présentes et évidentes qu'elles ne le sont aujourd'hui, cela n'accrédite pas tout le passé. 

Il serait faux de penser que l'activité de l'Esprit Saint ne peut se faire qu'au sein de mouvements pratiquant une orthodoxie et une orthopraxie sans faille. 

Aussi, un simple copier/coller du passé, comme l'envisage les passéistes, est un bon moyen de faire remonter quantité des erreurs de l'histoire et témoignerait d'un profond manque d'objectivité et de maturité. 

S'il y a des choses formidables que l'histoire nous enseigne et nous rend témoignage, il est bon de ne pas la valider globalement, aveuglement et inconditionnellement sans la faire repasser à travers les enseignements des Ecritures au point de la connaissance qui est la nôtre actuellement.   

D'un autre coté, la logique progressiste est sans cesse à l'affût de la nouveauté, comme si tout ce qui est neuf et pertinent culturellement serait forcément meilleur que ce qui est ancien ou même présent. Là encore, il y a danger dans une telle vision progressiste de finir par absorber dans notre environnement tout et n'importe quoi, dans le but ultime de réformer pour réformer. La recherche de la nouveauté dans une logique d'actualisation comme si les églises nécessitaient périodiquement des mises à jour, plonge les mouvements dans une fuite en avant irrémédiable, oubliant même jusqu'au nécessaire ancrage biblique dont le but est d'éviter quantité de dérives.  

La peur de l'obsolescence devient envahissante et se manifeste par la volonté de maintenir une sorte de pertinence fonctionnelle de l'église en actualité avec le monde ambiant. 

Mais, cette logique d'actualisation et les méthodologies qu'elle présuppose, nous font totalement oublier que ce qui assure la véritable pertinence de l'église est une dépendance profonde à l'Esprit de Dieu et un attachement véritable à l'inerrance des Ecritures. Tout cela  nous permet de savoir jusqu'où il est convenable d'adapter l'église à son contexte sans en dénaturer ses fondements scripturaires et les contenus de son message. 

Tristement, quantité d'églises semblent s'harmoniser à des logiques de marché sur les modèles de la société de consommation en employant les même vecteurs de développement que cette dernière utilise, mais tout cela est au prix du fait de rabaisser la spiritualité à un simple produit de consommation courante que l'on propose à grand renfort de marketing où le monnayage est de plus en plus courant et la gratuité devient une notion désuète. 

Serait-ce possible de revenir sur les bases d'une église apaisée et surtout conduite par le Saint-Esprit afin de ne pas se contenter de courir avec ceux qui courent ou de crier ceux qui crient, sans même savoir toujours pourquoi on le fait ?! 

Sans doute, il y a dans le passé une quantité de bonnes choses à faire remonter et dans l'avenir une autre quantité de bonnes choses à recevoir. L'Eglise de demain sera-t-elle au cœur de cette synthèse raisonnable et spirituelle tout en étant totalement décomplexée de porter en son sein un message vieux de plusieurs millénaires et qui pourtant n'a pas perdu de son actualité.

Past. Xavier LAVIE