LE STADE DU MIROIR.


En matière de reconnaissance de soi, on parle pour l'enfant du "stade du miroir" comme étant une étape essentielle pour qu'il prenne conscience de son individualité. Cette étape marque aussi pour l'enfant une certaine forme de distanciation avec sa maman pour enfin devenir et être soi. Il est donc déclaré que la construction de la personnalité passe par l'acceptation de ce que l'on est. Mais à ce niveau se vivent d'énormes tensions dès l'instant où la personne qui est en face du miroir ne parvient pas à s'accepter telle qu'elle est, et désire finalement être autrement et même être une autre personne. De nombreux troubles de la personnalité prennent leur origine dans cette problématique où les frustrations et le mal-être se développent rapidement et manifestent toutes sortes de comportements comme la jalousie, le dégoût de soi, l'agressivité, le sentiment d'être mis de coté, de ne pas être considéré, etc... Selon le caractère de la personne, il en ressortira un repli sur soi ou la volonté de prendre une place qui n'est pas la sienne, car il est rare qu'une personne qui a une mauvaise image de soi se retrouve au bon endroit. Venons en maintenant à la spiritualité. En matière de spiritualité c'est précisément tout le contraire que le stade du miroir doit accomplir. En effet, dans 2 Corinthiens 3.18, il est écrit que "Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit." La spiritualité n'a pas comme objectif l'acceptation de soi pour espérer équilibrer sa propre personne et donc sa relation aux autres. Non, elle a pour but de nous amener à la transformation et non à la simple acceptation de soi ou amélioration de soi. Il n'est donc pas question d'accepter le pécheur dysfonctionnel que nous sommes mais d'être transformé à l'image du Christ par le moyen de la régénération et dans une succession de transformations allant du "déjà" au "pas encore". En regardant à Jésus, par le moyen de la Parole de Dieu qui est le miroir dans lequel nous le contemplons, nous sommes transformés de gloire en gloire en la même image. En effet, regarder à Jésus a un grand pouvoir de transformation. Si nous regardons fixement vers lui, nous deviendrons comme lui. Comme Moïse reflétait la gloire de l’Éternel, nous brillerons de la gloire de Christ, et lui deviendrons semblables, "en la même image". Allant d’un certain stade de gloire, vers un autre plus élevé. Beaucoup cherchent l'accomplissement de soi par la spiritualité chrétienne alors que la véritable recherche n'est certainement pas l'accomplissement de soi mais l'accomplissement de Christ en soi. Jean 3.30 "Il faut qu’il croisse, et que je diminue."


Miroir mon beau miroir dis-moi que Christ est le plus beau !


A ce propos dans Jacques 1.23-24, nous lisons : "Car, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il est semblable à un homme qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s’être regardé, s’en va, et oublie aussitôt quel il était." Jacques va donc directement mettre en avant le fait que nous devons changer, après avoir pris le temps de regarder dans le miroir de la Parole qui nous sommes en rapport de ce que nous devrions être en Christ. Pour un chrétien, le stade du miroir n'est donc pas le moyen d'une meilleure acceptation de soi, mais la raison suffisante pour vivre le changement. Ainsi celui ou celle qui serait satisfait de ce qu'il voit dans le miroir de la Parole, quittera bien vite le terrain spirituel en raison d'une forme d'auto-satisfaction ou pire d'inconscience immature qui l'amèneront dans l'oubli ou le déni de son propre état et donc dans un mensonge vis à vis de lui-même et des autres. Ainsi, dans la spiritualité, cette étape du miroir marque une certaine forme de rapprochement avec notre Père céleste pour enfin parvenir à être libéré de soi et de la tyrannie que l'on s'impose à soi-même et aux autres. Et si nous prenions le temps de repasser devant le miroir de la Parole afin de commencer ou de poursuivre les changements tellement nécessaires ?
Past. Xavier LAVIE