VOUS LES RECONNAÎTREZ A LEURS FRUITS.



Matthieu 7.15-20 "Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous en habits de brebis, mais qui au-dedans sont des loups ravissants. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? Ainsi tout bon arbre porte de bons fruits; mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.Tout arbre qui ne porte point de bon fruit est coupé et jeté au feu.Vous les connaîtrez donc à leurs fruits."

J'entends actuellement de plus en plus citer ce passage biblique pour tenter de justifier un peu tout et n'importe quoi, alors que la réalité contextuelle de ce verset ne permet aucunement l'utilisation qui en est faite actuellement.

La culture du résultat enseigne qu'il suffit que la croissance augmente pour justifier certains enseignements ou une ecclésiologies contestables en plusieurs points.

Est-il suffisant de constater quelques effervescences et quelques manifestations pour s'attribuer l'activité de Dieu ?

Jésus dira aux versets 21 à 23 "Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité." 

Jésus ne semble pas sensible à certaines déclarations comme à certains fruits qui ressemblent pourtant à ceux qui étaient portés par ses apôtres, ses serviteurs. 
En tant que pasteur Pentecôtiste, j'approuve évidement l'exercice des charismes, des dons spirituels, mais je ne peux oublier la mise en garde du Christ pour autant. L'équilibre et le discernement qui est aussi basé sur la connaissance et la sagesse, permettent de ne pas tout avaler ou tout cautionner.   

Dans Matthieu 7, le Christ enseignement le sermon sur la montagne. A partir du verset 13 jusqu'au verset 28 (à la fin de son sermon), il ne cessera de mettre en garde ses auditeurs concernant  les dangers qui guettent l'église. 

L'avertissement du Christ est contre ceux qui prétendent faussement parler au nom de Dieu ! Jésus dira qu'ils agissent comme des agneaux mais ce sont des loups féroces en quête de proies.

A la question : Comment les reconnaître?
Jésus répond : aux résultats de leurs actes ou aux fruits qu'ils portent. Le mot "fruits" utilisé en grec est "karpos" qui se traduit aussi par récolte, produit, descendant, dons.
Pour Jésus, la récolte de ces faux prophètes, ce qu'il produisaient, ceux et celles qu'ils engendraient, et les dons qu'ils semblaient détenir ne représentaient aucunement une caution permettant une quelconque validation. 

Pour Jésus, un faux prophète se trahit par son comportement, sa doctrine et ses œuvres et donc par ce qu’il fait ainsi que par les actions de ses disciples. Ils parlent de Dieu, de Jésus, de l’amour et de la joie, mais jamais de la porte étroite. Ils n’enseignent que les choses faciles, le côté agréable de la vie chrétienne. Jamais ils n’abordent la sainteté de Dieu et sa colère contre le péché. Les faux prophètes disent à l’homme pécheur : "Ne t’inquiète pas, tout va bien. Dieu te pardonnera." Ils ne prêchent pas la repentance, l’abandon du péché et le renoncement à soi.

A son époque, Jérémie décrivait ainsi les faux prophètes en ces termes : Jérémie 6.13-14 "Ils soignent à la légère la blessure de mon peuple : Paix ! paix ! disent-ils ; et il n’y a point de paix". L’homme aime écouter de tels prophètes car ils enseignent ce qu’il veut entendre (lire 2 Timothée  4.3-4). Ils ont une réelle puissance d'attraction mais leur récolte ne peut  pas être celle de Dieu. Jésus dira qu'un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.

En utilisant ainsi l'image de l'arbre et de ces fruits, Jésus enseigne que se ne sont pas les feuilles (la profession, les déclarations ou les manifestations), ou l’apparence, qui permettent d’éprouver la vie qui est dans l’arbre, mais le fruit qu’il porte. Il faut donc goûter le fruit pour connaitre la nature profonde de l'arbre.

Il y a bien des années, alors que je me tenais avec mon fils et ma nièce au pied d'un amandier, nous espérions pouvoir consommer quelques amandes fraîches, mais quelle fut notre déception et notre dégoût car cet arbre ne portaient en réalité que des amandes amères. (Ces amandes amères issues de l’amandier sauvage sont particulièrement toxiques parce qu’elles contiennent de l’acide cyanhydrique.)
Heureusement, ma nièce qui avait été la plus rapide à casser la coque pour en manger le fruit recracha directement le fruit dégoûtant. L'arbre avait pourtant de nombreux fruits, les amandes ressemblaient identiquement aux amandes douces, mais sur la langue il était impossible de se tromper. 

Comprenons que le passage de Matthieu 7 ne parle pas d'une quantité de fruits (œuvres) que l'arbre porte mais de la nature même de ces fruits, de leur qualité, de leur goût. Un amandier amer ne produira jamais d'amande douce.  

En tant que chrétien, nous devons éprouver les hommes et toute institution selon ce principe. Pour cela, nous devons discerner les raisins, les épines, les figues et les chardons.
Comme nous savons qu'un arbre ou une plante produit un fruit selon sa nature, nous savons également que des épines ne produisent pas des raisins ni les chardons des figues.

Et bien un tel principe s’applique aussi bien dans le domaine naturel que dans le domaine spirituel. La vie et la doctrine de ceux qui prétendent parler au nom de Dieu doivent être passées au crible de la Parole de Dieu. Esaïe 8.20 "S’ils ne s’expriment pas selon cette parole, pour eux point d’aurore."
Beaucoup aimeraient que l'on se contente de compter les fruits dans leur arbre et que l'on reste ébahi devant leur réussite, mais le Seigneur réclame bien plus qu'un simple comptage.

Nous arrivons bientôt à la période de Noël, et sans rentrer dans l'éternel débat "sapin ou pas sapin" chez les chrétiens, je souhaitais juste mentionner que par le passé, avant les boules décoratives, on mettait des fruits frais et des fruits secs dans les sapins en guise de décoration. L'arbre portait du fruit, mais les fruits que portaient ses branches n'étaient pas les siens. Il a trois choses que Christ déplore en réalité : 1. un arbre qui ne porte pas de fruits (stérilité), un arbre dont les fruits sont immangeables (mauvais arbre = mauvais fruits) et un arbre qui porte des fruits qui ne sont pas les siens (duplicité, hypocrisie).   

Arrêtons de vivre comme des naïfs mal éclairés ou de vivre dans  les compromis car Jésus n'en fait pas. Il dira au verset 19 "Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu." Oui le feu attend le mauvais arbre avec ses fruits même s'il ressemblait à s'y méprendre au bon arbre avec ses bons fruits.

La question qui se pose est la suivante : les avertissements de Jésus, à la fin du sermon sur la montagne, retentissent-ils encore dans les églises ? 

L'Eglise de Jésus-Christ n'est pas appelée à cautionner les faux prophètes, mais à les dénoncer, comme Christ le faisait, et enseigner son message consiste à ne pas omettre cette partie essentielle même au nom d'une certaines bienveillance qui en réalité n'en n'est pas une."
Past. Xavier LAVIE