LE PROGRÈS EST-IL BIBLIQUE..?


Parler de la conversion en termes de progrès n'est pas réellement correct. La conversion ne va pas dans le sens du progrès tel qu'il est communément employé par nos contemporains.

Se convertir, c'est plutôt tourner le dos au progrès, c'est marcher dans un anticonformisme au siècle présent, pour retrouver un état antérieur, c'est reprendre la direction de l'Eden en passant par la croix et en répondant à l'appel du Salut accomplit par Jésus-Christ, expérimentant ainsi la mort à soi-même et la nouvelle naissance.

Le progrès se définit communément en termes d'évolution, d'amélioration, d'une transformation progressive vers plus de connaissance et de bonheur.

C'est d'ailleurs au début du 17ème siècle, avec l'Anglais Bacon, puis le Français Descartes que va se formaliser l'idée de progrès. Ils l'assimilent à la capacité des hommes de connaître la nature (science), la façonner, puis finalement, s'en rendre "comme maîtres et possesseurs".
« Le progrès » tend ainsi à se substituer à « la providence ».

Au 19ème siècle, l'Allemand Hegel considère que l'État constitue le degré suprême du progrès car il concrétise plus que tout la capacité de l'homme à écrire sa propre histoire au moyen de sa raison. Et en formulant le concept de philosophie de l'histoire, il confère au terme « progrès » un sens dogmatique : « l'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté ».

Dès lors, cinq grands concepts au moins sont liés à l'idée de progrès : l'humanisme, la sécularisation, la laïcisation, la modernité et l'occidentalisation. Rien de bien chrétien...!!!

Fort de l'éclairage de ces notions, comment peut-on encore parler du christianisme en termes de progrès...?

Certains diront: "Mais, il y a au moins sept occurrences du mot progrès dans la Bible..!" L'utilisation de ce mot vient du choix des traducteurs qui auraient pu l'éviter étant donné son anachronisme en total déphasage avec l'époque de la rédaction des différents livres de la Bible.

Le mot "progrès" traduit dans les Bibles française vient de plusieurs mots grecs.

1) "Mallon" qui signifie: augmenter ou mieux. 
Ainsi dans 1 Thessaloniciens 4.1, nous sommes appelés à marcher de mieux en mieux.

Un autre termes grec qui est traduit par "progrès" est: 
2) "Huperauxano" qui signifie: augmenter démesurément ou croître, se développer. 
Ainsi dans 2 Thessaloniciens 1.3, il serait plus juste de dire que la foi dont il est question, est en croissance plutôt qu'en progrès.

3) Il y a également le mot grec "prokopto" qui est traduit par "progrès" dans les versions françaises, tandis qu'il serait plus juste de le traduire par: avancer, croître ou augmenter. ( voir 2 Timothée 3.9)

4) Enfin le mot "progrès" dans l'Ancien Testament est traduit du mot hébreux "‘amad" qui signifie : s’arrêter ou cesser dans le contexte de Lévitique 13.5 & 37 où il est question de la plaie d'une teigne qui s'arrête dans sa propagation, qui cesse de se répandre.

Savez-vous que les anthropologues constatent la difficulté qu'ont eue les sociétés primitives et les anciennes civilisations à appréhender cette idée de progrès? Même les grecs n'en avaient qu'une perception très limitée.

Ainsi, à l'époque biblique la notion de progrès n'existait pas comme l'idée moderne que l'on s'en fait. Dans la Bible, la notion de progrès, dans le sens de croître ou d'aller vers plus de stabilité, consistait à se tourner vers le passé ou vers un monde qui était plus stable. Ainsi, à l'époque biblique, le fait de progresser n'était pas vu comme un bon favorable vers l'avant ou l'avenir, mais plutôt un retour vers un état ancien et stable.

Et vous, comment voyez-vous le progrès...?
Quelle est votre vision ou votre définition du progrès...?

Le christianisme n'est pas un passéisme conservateur, mais une espérance visant un retour à la source de tout…dans une dimension supralapsaire (avant la chute).

Ainsi, revenir à une définition plus scripturaire, nous permettrait de comprendre que l'eschatologie biblique n'est pas tant un bon en avant, mais un profond retour en arrière et dont la conversion demeure encore une réalité présente, et une illustration forte, que chaque chrétien né de nouveau témoigne au travers de sa vie de tous les jours, une vie tournée à l'opposé des progrès selon ce monde."


Past. Xavier LAVIE