SOMMES-NOUS PÉNÉTRÉS PAR LA PENSÉE DÉCONSTRUCTIONNISTE?



Quelques partages récents au sujets des courants actuels au sein des églises évangéliques me conduisent dans une réflexion dont le but est de parvenir à comprendre pourquoi de tels courants d'idées et même d'idéologies se créent au sein des structures ecclésiales et mouvements fédératifs…?

Les débats sont très animés et les positions semblent déjà bien tranchées sans doute en raison d'un passé qui fut, à raison ou pas, plus ou moins mal vécu.
Le temps est venu, scandent certains, de réinventer l'Église afin de communiquer l'Évangile dans un monde postmoderne comme le soutien le très controversé Brian McLaren.
Faut-il réinventer l'Eglise?
La penser autrement?
La repositionner tant dans ses structures que dans l'expression du message Évangélique?
Jusqu'où la contextualisation doit-elle entraîner l'Eglise?
L'Eglise ne risque-t-elle pas de s'acculturer en tentant de s'inculturer?

Toutes sortes de concepts d'églises voient le jour dans ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui un pluralisme ecclésial ou un syncrétisme ecclésial, et ceci en raison d'assemblages de systèmes initialement incompatibles. Tenter de mettre en synergie les données de la révélation bibliques et celles des courants de pensées du monde, aboutit comme l'histoire nous l'enseigne, avec le courant libéral, non à la conversion de nos contemporains mais à une assimilation de l'Eglise à la pensée ambiante afin de la rendre plus pertinente et donc moins en contestation avec le monde. L'enjeu recherché est sans doute de rendre l'Eglise plus compatible afin de parvenir en finalité à influer sur la culture de la société qui l'entoure. 

Une telle dynamique ne se fera pas sans une profonde remise en question des vérités bibliques, une profonde altération du caractère inérrant des Écritures.

L'objectif finalement recherché est de ne plus positionner l'Eglise en dissidence mais en accordance avec la société afin de la rendre plus compatible.

L'Eglise dans sa corporalité Christique ne se doit-elle pas se positionner entre Dieu et le monde dans la continuité du ministère de Jésus lors de son incarnation? 

Une telle position, celle de l'intercesseur entre le divin et l'humain en vue de favoriser leur réconciliation provoque un point de tension entre ce que Dieu veut et ce que la société souhaite globalement à un point donné de son histoire. Cette tension à laquelle l'Eglise est soumise l'écartèle pour ne pas dire la crucifie, car si la volonté de Dieu est immuable, la société ne cesse de fluctuer.

La tentation de l'Eglise n'est-elle pas de chercher à se rapprocher des valeurs du monde pour soulager cette tension? 
Un tel rapprochement l'éloignera de Dieu immanquablement.
D'autres pensent qu'un rapprochement du divin cloisonne l'Eglise dans un séparatisme qui l'empêche d'atteindre ses contemporains afin de leur communiquer le message de l’Évangile. Le modèle de l'Eglise Catholique est dans tous les esprits et ses mutations internes depuis Vatican 2 n'échappent pas aux analyses Évangéliques.

Parvenir à mettre en œuvre un tel rapprochement, poussé par les ambitions nobles de vouloir atteindre les cœurs, ne se fera qu'au prix d'un déconstructionnisme mal adapté.
Qu'est-ce que le déconstructionnisme ?
En épistémologie, c'est un courant de pensée qui est à la mode ces derniers temps.
Jacques Derrida a développé la philosophie de la "déconstruction" dans les années 60. Aujourd'hui, cette vision s'est vulgarisée, popularisée.
Malheureusement, trop souvent la pensée déconstructionniste, finit par détruire et non pas par déconstruire.
Le déconstructionnisme, qui est souvent réduit à être un courant de pensée dont le but est de détruire les systèmes de notre société dit traditionnels, les institutions héritées du passé, est malheureusement trop souvent mal compris. En effet, plutôt que de détruire, il a été pensé afin de remettre en cause afin de réévaluer. Seulement, réévaluer ne veut pas dire détruire et remplacer mais plutôt vérifier avec un esprit critique à la lumière du contexte présent.

Seulement l'Esprit déconstructionniste entre les mains de certains revient à confier un Bulldozer à un enfant de six ans en pensant qu'il ne détruira rien avec!

Le déconstructionnisme prône l'esprit critique si cher à nos contemporains, mais il se targue en même temps de ne pas verser pour autant dans l'esprit cynique. L'esprit cynique étant défini comme ayant pour but de critiquer pour détruire et enfin de dominer alors que l'esprit critique a celui de critiquer pour améliorer. La frontière est bien mince entre les deux, il faut bien se l'avouer… L'un s'inscrit dans une logique de domination alors que l'autre serait dans une logique de justice (et la justice raisonne fortement dans les cœurs des Occidentaux que nous sommes). Mais, l'une des dimensions de l'esprit critique n'est pas seulement d'avoir la capacité d'accepter la vérité, mais aussi, et c'est là où se trouve la nuance, d'avoir la capacité de la refuser.

Qui voit encore dans le déconstructionnisme une formidable pensée à développer tandis qu'il se trouve devant sa Bible et se tient à l'écoute de la voix de L'Esprit qui l'a inspiré ?
La rationalité de la pensée humaine cessera-t-elle un jour de s'opposer à la volonté divine ou d'une manière plus insidieuse de vouloir l'améliorer ?

La philosophie déconstructionniste prône que sa fonction première, en tant que courant de pensée, n'est pas de détruire mais de prendre un système, d'en analyser chaque partie individuellement afin de découvrir, d'extraire et enfin d'éliminer les relations de domination sous-jacentes. Plutôt que de remplacer le système, le déconstructionnisme propose d'ajouter une nouvelle perspective au système déjà en place. Si cette analyse appliquée à l'Eglise parvenait à faire reculer tout ce qui est de l'ordre du charnel pour donner d'avantage de place au spirituel, il serait souhaitable de déconstruire dans tous les sens. Mais, avec un peu d'objectivité et d'anthropologie chrétienne, nous devons réaliser que toutes ces choses sont purement utopiques car changer les systèmes, les décloisonner, le simplifier favorise en finalité l'émergence de leaders encore plus puissants qui donnent l'impression d'être collaboratifs tout en continuant de régner sur leurs structures encore plus simples à contrôler. Changer un système sans changer le cœur des hommes est une vanité.
La seule véritable déconstruction se fera lors du retour du Christ, du Roi des rois. Alors se produira un ébranlement de la terre entière qui renversera toutes les structures sans aucune distinction comme la Pierre détachée de la montagne frappa la statut d'un colosse dans le Vision de Daniel 2. Une Pierre qui après avoir frappé la statue, représentant l'ensemble des systèmes humains, devint une grande montagne, et remplit toute la terre.

N'est-ce pas là qu'est le véritable espoir de l'Eglise?
N'est-ce pas là que se trouve son véritable message, dans une espérance glorieuse en Christ et non pas dans des petites mutations organisationnelles qui sont plus en phase avec les courants de pensées du monde que de ceux de l'Esprit Saint qui s'apprête à tout renverser,…, et même ce que nous avons construit indépendamment de lui!
La chute des empires politiques, religieux, économiques et idéologiques est en cours afin d'établir le Règne du Dieu.
Hébreux 12.25-29 "Gardez-vous de refuser d’entendre celui qui parle ; car si ceux-là n’ont pas échappé qui refusèrent d’entendre celui qui publiait les oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous nous détournons de celui qui parle du haut des cieux, lui, dont la voix alors ébranla la terre, et qui maintenant a fait cette promesse : Une fois encore j’ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le ciel. Ces mots : Une fois encore, indiquent le changement des choses ébranlées, comme étant faites pour un temps, afin que les choses inébranlables subsistent. C’est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte, car notre Dieu est aussi un feu dévorant."
J'entends les motivations et les ambitions de chacun qui consistent à vouloir accélérer la propagation de l’Évangile mais notre Évangile ne prône pas la révolution sociétale ou culturelle mais la révolution individuelle. Une révolution intérieure qui est en réalité une profonde transformation de nos personnes provoquée par l'action du Saint Esprit à l'écoute de la Parole de Dieu. Et cette transformation qui est la seule véritable n'est pas assujettie aux systèmes, ni n'est prisonnières des contraintes établies par ceux qui détiennent des pouvoirs.
Réalisons que de bonnes motivations ne se terminent pas toujours par de bonnes réalisations surtout lorsqu'elles sont engendrées par l'esprit de cerveaux irrégénérés dotés néanmoins d'un intellect hors du commun. L'Eglise ne doit pas suivre les penseurs séculiers mais demeurer à l'écoute du Saint Esprit proclamant les Vérités Bibliques au risque d'être jugée impertinente et dérangeante." 
Past. Xavier LAVIE