RUTH 2.1-3 (Semeur)"Noémi avait un parent du côté de son mari, un homme riche et puissant de la famille d’Elimélek, nommé Booz. Ruth la Moabite dit à Noémi: -Permets-moi d’aller aux champs ramasser des épis laissés par les moissonneurs. J’irai derrière celui qui m’accueillera aimablement. Noémi lui répondit : -Va ma fille. Ruth partit donc et se mit à glaner dans les champs derrière les moissonneurs."
Introduction
Le récit de l'histoire Ruth et de Noémi est particulièrement poignant et témoigne de valeurs humaines et spirituelles certaines.
Pour commencer, permettez-moi de vous faire un bref rappel de cette histoire…
Le livre de Ruth commence par raconter la vie d'Elimélek et de Noémi à l'époque difficile des Juges. Pour fuir la famine qui sévissait en Israël, cette famille quitta la ville de Bethléem et émigra dans le royaume voisin de Moab. Seulement au lieu d'y trouver la paix et l'abondance qui justifiaient qu'ils quittent ainsi Israël, ils y rencontrèrent de grandes difficultés.
En effet, Elimélek mourut et ses deux fils Mahlôn et Kilyôn moururent eux aussi après avoir épousé des femmes Moabites. Ils laissèrent ainsi trois veuves démunies de tout.
Noémi décida donc de rentrer à Bethléem accompagnée d'une seule de ses deux belles-filles. Ruth décida de suivre Noémi et elle déclarant cette célèbre phrase : Ruth 1.16 "J'irai où tu iras, où tu demeureras je demeurerai ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu."
Arrivées à Bethléem, Ruth proposa à sa belle-mère d'aller glaner quelques gerbes d'orge afin de pourvoir à leurs besoins. Sans doute, Ruth savait que selon la loi instituée par Dieu, les juifs devaient laisser les étrangers et les pauvres glaner dans leurs champs.
Ruth 2.2-3 "Ruth la Moabite dit à Noémi : -Permets-moi d’aller aux champs ramasser des épis laissés par les moissonneurs. J’irai derrière celui qui m’accueillera aimablement. Noémi lui répondit : -Va ma fille. Ruth partit donc et se mit à glaner dans les champs derrière les moissonneurs."
1) GLANER AFIN DE RECUEILLIR LA MISERICORDE.
En tant qu'étrangère, Ruth ne pouvait pas moissonner pour recevoir un salaire, mais elle pouvait glaner pour subsister. Le fait de glaner nous dispose à la miséricorde.
Quand je considère à l'attitude de Ruth, deux choses me viennent spontanément à l'esprit…
1)Je ressemblais beaucoup à Ruth, lorsqu'au commencement de ma vie chrétienne, j'ai foulé pour la première fois le champ de Dieu.
2)Jésus, mon Booz a tellement été généreux avec moi. Il a pris en compte ma misère, le triste état de mon âme et a demandé à ses serviteurs de prendre soin de moi et de me nourrir.
Etranger au Royaume de Dieu, comme Ruth l'était à la nation d'Israël et au champs de Booz, je venais à l'église écouter la Parole de Dieu et glaner quelques substances dont mon âme avait tellement besoin.
Que dire de l'effet que produisait en moi alors la Parole de Dieu, cette nourriture divine, cette manne céleste ?
Quelle joie, quelle paix et quelle satisfaction je ressentais tandis que j'amassais tous les partages et tous les conseils dispensés dans ce champ qu'est l'église. Jamais, je n'avais récolté de telles choses. Mes sens étaient éveillés et en même temps le calme m'envahissait, une sorte de sérénité incompréhensible. L'anxiété dans ma vie était peu à peu remplacée par une douce quiétude et une réelle assurance.
Je glanais quelques subsistances spirituelles et mon âme était tellement reconnaissante à Jésus, dont Booz est en quelques sorte l'image dans le livre de Ruth.
Pour autant, je n'étais pas encore véritablement et profondément "connecté" à la source divine qui apporte la vie et le pain en abondance. Je me contentais de profiter de quelques glanures, au gré de ma faim spirituelle, en satisfaisant plus à mes envies qu'à mes véritables besoins.
2) LA MISERICORDE ET RIEN DE PLUS ?
Ruth 2.15-17 "Quand elle retourna pour glaner, Booz ordonna à ses serviteurs : -Permettez-lui aussi de glaner entre les gerbes sans la rabrouer ! Laissez même tomber exprès pour elle quelques épis des javelles et abandonnez-les pour qu’elle puisse les ramasser ! Et ne lui faites pas de reproches ! Ainsi Ruth glana dans le champ jusqu’au soir, puis elle battit ce qu’elle avait ramassé. Il y avait quarante litres d’orge."
En retournant glaner, Ruth ne pensait certainement pas qu’elle deviendrait un jour l'épouse de Booz, cet homme à qui appartenait le champ au milieu duquel elle ramassait les grains.
Aussi, pleine d'humilité, la seule chose qu'elle se serait permis d’espérer, c'est peut-être de devenir l'une des servantes de cet homme riche.
Quel est le type de relation que j’entretiens avec Christ ?
Cette relation consiste-t-elle à venir vers lui pour recevoir sa miséricorde lorsque je suis démuni, dans le besoin ou pour approfondir ma relation et mon intimé avec lui ?
Ruth était déjà pleinement heureuse des paroles bienveillantes de Booz qui avaient consolé son cœur. Ce dernier lui permettait même de manger parmi ses serviteurs et ordonna à ces derniers de laisser la jeune femme glaner au milieu même des gerbes et de lui abandonner, comme par mégarde, quelques poignées d’épis ; c'était sans doute une manière aimable de lui faire l’aumône sans la blesser.
Ruth 2.8-14 "Booz dit à Ruth : -Ecoute bien, ma fille : Ne va pas glaner dans un autre champ ; reste ici et suis mes servantes ! Regarde bien où mes hommes moissonneront et suis les femmes qui ramassent les épis. J’ai interdit à mes serviteurs de t’ennuyer. Et si tu as soif, va boire aux cruches qu’ils ont remplies. Ruth s’inclina jusqu’à terre, se prosterna et lui dit : -Pourquoi m’accueilles-tu avec tant de faveur et t’intéresses-tu à moi qui ne suis qu’une étrangère ? Booz lui répondit : -On m’a bien raconté tout ce que tu as fait pour ta belle- mère après la mort de ton mari. Je sais que tu as quitté ton père et ta mère et ton pays natal pour venir vivre chez un peuple que tu ne connaissais pas auparavant. Que l’Eternel te récompense pour ce que tu as fait et que le Dieu d’Israël, sous la protection duquel tu es venue t’abriter, t’accorde une pleine récompense ! Ruth dit : -Mon maître, tu m’accueilles avec tant de faveur que j’en suis réconfortée. Tes paroles me touchent, moi ta servante, bien que je ne sois pas même au rang de tes servantes. A l’heure du repas, Booz lui dit : -Approche-toi et viens prendre un morceau de pain. Trempe-le dans la vinaigrette ! Alors elle s’assit à côté des moissonneurs, et Booz lui offrit des épis grillés. Elle en mangea à satiété et garda le reste."
Ruth était moabite, elle était donc une étrangère en Israël.
Aussi, nous voyons qu'elle se reconnaissait misérable et indigne n'étant même pas au rang des servantes de Booz.
3) UNE APPROCHE QUI FAIT SENS ET ANNONCE UNE SUITE HEUREUSE !
Il y a dans la disposition d'esprit de Ruth qui s'approcha de Booz quelque chose de significatif qui doit caractériser ceux que Dieu appelle à lui en disposant leur cœur par le Saint-Esprit.
-Nous reconnaitre comme des étrangers dans la maison de Dieu…
-Reconnaitre notre indignité.
-Accepter de nous prosterner devant le Seigneur.
-Reconnaitre l'accueil, les faveurs et l'intérêt que Dieu nous porte.
-Réaliser notre soif spirituelle.
-Réaliser l'omniscience du Seigneur.
-Venir nous réfugier sous la protection divine.
-Et répondre à l'invitation de partager la nourriture du Maître.
Heureux sont ceux qui prennent conscience de leur misère spirituelle et qui ont faim de Dieu ; ils seront rassasiés !
Jean 6.35 "Jésus leur dit : Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif."
D’habitude, la récolte d’un glaneur, après une longue journée de travail sous un soleil brûlant, n’était pas abondante, car il ne prenait que de quoi manger pour la journée.
Mais Booz fut tellement bienveillant, qu'elle battit environ 30 kg de grains.
Aussi quand Ruth rapporta à Noémi le grain déjà grillé que les serviteurs lui avaient donné et les 30 kg de grains qu'elle avait ramassés, la vieille femme reconnut là une grâce particulière et s'en réjouit.
Sommes-nous toujours pleinement conscients et reconnaissants des grâces divines que nous recevons du Seigneur ?
Réalisons-nous que nous ne méritons rien et que ce que Dieu nous accorde n'est que pure grâce ?
Ruth ne se contenta pas des 30 kg d'orge, mais elle retourna au champ pour y glaner encore et encore, jusqu'à ce que le maître riche et bienveillant lui accorde le droit de rachat et fasse d'elle son épouse.
Booz étant de la famille d’Elimélek, il avait un droit de rachat vis à vis de Ruth.
En effet, selon la coutume en Israël, on devait faire revivre le nom du défunt en le rétablissant dans son héritage et cette tâche incombait à son plus proche parent.
Même si Booz n'était pas le plus proche parent, nous voyons qu'il œuvra de manière à effectuer ce rachat.
Mais avant cela, au chapitre 3, il est dit que la jeune femme, sur les conseils de sa belle-mère, alla se reposer aux pieds de Booz ce qui ne manqua pas d'égayer le cœur de ce dernier.
Juste après, Noémi, par ses paroles éclairées et pleines de sagesse, rassura Ruth.
Ruth 3.18 "Sois tranquille, ma fille, jusqu’à ce que tu saches comment finira la chose, car cet homme ne se donnera point de repos qu’il n’ait terminé cette affaire aujourd’hui."
Et nous découvrons que la grâce de Dieu, trouvée en Booz, racheta Ruth, ce qui lui permit de devenir l'épouse de Booz et de prendre place dans la merveilleuse et étonnante généalogie du Seigneur Jésus.
4) UNE BELLE IMAGE AVEC DE GRANDES REPERCUSSIONS.
Ce récit ne communique qu'une faible image du rachat que Christ a effectué à notre égard :
1 Pierre 18-19 "...Ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ..."
En nous rachetant par son sang précieux, Christ, notre Booz, nous a fait entrer dans la famille de Dieu et dans son Royaume...Il a fait de nous des saints, des gens de la maison de Dieu.
Ephésiens 2.19 "Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu."
Aussi, réalisons-nous pleinement cette nouvelle identité qui est la nôtre, quand après avoir été régénérés, nous nous comportons encore comme ceux et celles qui glanent ?
Dans Ruth 4.13, nous lisons qu'après avoir fait valoir son droit de rachat, "Booz prit Ruth, qui devint sa femme".
Ruth pouvait maintenant manger chaque jour à la table de Booz, elle vivait dans sa présence constante, pouvait s'adresser à lui sans restriction. Les champs de Booz étaient en quelques sortes ses champs à elle aussi.
Alors quel sens cela aurait-il de voir encore Ruth aller glaner dans les champs de Booz ?
Qu'est-ce que pourrait penser Booz en voyant son épouse se comporter comme la moindre de ses servantes ?
En réfléchissant à Ruth et à Booz, je me dis que parfois, nous venons peut-être à l'église pour glaner. A certains moments, nous repartons satisfaits et à d'autres un peu moins (selon la performance pastorale dans la prédication 😉).
Nous repartons avec quelques grains glanés, quelques épis ramassés par-ci et par-là…et quelques épis rôtis par les serviteurs….
Mais tout cela n'a pas grand sens si le rachat de nos vies a été effectué par notre grand Goel, notre rédempteur !
Dans Hébreux 9.15, nous lisons que : "c’est pour cela qu’il est le médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, la mort étant intervenue pour le rachat des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis."
Ceci est tellement glorieux que nous devrions sans doute demander pardon au Seigneur d'avoir trop souvent négligé un si grand salut, tout en continuant à nous comporter comme ceux et celles qui glanent dans les champs du Seigneur.
La nourriture glorieuse de notre Booz est à notre disposition à chaque moment de notre vie afin de nous combler dans nos véritables besoins. Jésus n'est-il pas la plénitude du Dieu qui remplit tout en tous ?
Si l'épouse sert son époux, elle ne le fait pas pour un salaire, ou juste par devoir, mais plutôt comme la démonstration de son amour. En prenant soin de lui, elle lui manifeste l'amour qu'elle lui porte. Elle n'a même pas besoin de le servir pour maintenir son statut d'épouse.
Elle l'est et pour autant elle doit se comporter comme telle.
5) CONCLUSION : PASSER DES CHAMPS À LA TABLE.
Aussi, ce matin je voulais simplement vous partager que si nous ne l'avons pas encore réalisé, il est bon que nous passions des champs à la table, des glanures au pain des grands comme le mentionne le Psaume 78.25.
Une table abondante et riche est dressée dans l'église et nous sommes invités à nous approcher avec foi. Une table sur laquelle le prix de notre rachat est sans cesse symbolisé !
1 Pierre 2.4-5 "Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ."
Il y a là un appel individuel puis un appel global à s'approcher de Dieu qui nous a choisis et rendus précieux par la valeur du rachat qu'il a accordé à nos vies. C'est après l'appel individuel qui nous sauve et opère la séparation, un appel à effectuer cette association ou unité spirituelle afin de former l'Eglise, cette maison spirituelle, ce saint sacerdoce qui s'offre à Dieu, à l'image de Christ, comme autant de victimes spirituelles qui lui sont agréables.
L'Apôtre Paul, lui-même, exhorta les chrétiens de Rome en ces mots : Romains 12.1 "Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable."
Comprenons ce matin, que le raisonnable est sans doute différent de ce que nous pensons communément, en limitant trop souvent l'étendue des grâces qui sont nôtres, lorsqu'en faisant Eglise nous nous offrons en sacrifice de reconnaissance à notre grand GOEL.
Aussi, disposons-nous dans la foi non aux glanures, mais à la table en entrant pleinement ensemble dans la communion du Seigneur avec son Eglise.
Ce matin passons des champs à la Table.
Soli Deo gloria
Pasteur Xavier LAVIE
Culte du 04 Août 2024
à La CHAPELLE DE CODOGNAN