Poussé par les courants d'un individualisme de plus en
plus exacerbé, nombreux sont ceux qui abordent la Bible à la recherche
d'originalités afin de parvenir à se démarquer des autres. Ainsi, sous le couvert de ce qu'il faut bien reconnaître comme étant la résultante d'une pauvreté théologique et d'un certain fondamentalisme aveuglant, ils
n'hésitent pas à contredire la Parole de Dieu, à faire parler les silences, à s'opposer
à la Vérité telle qu'elle y est révélée et à faire de leur expérience
personnelle la norme en matière de foi.
La recherche de l'expérience subjective en dehors du terrain dogmatique de la foi chrétienne ne peut aboutir qu'à une errance spirituelle et existentialiste.
Ne cédons pas à cette approche d'une volonté humaine
orgueilleuse qui souhaite parvenir à mettre l'homme en avant par le moyen des
écritures qui ne finissent par n'être qu'un support et plus une référence révélationnelle.
Sous un tel angle d'approche, l'Ecriture n'est donc plus utilisée
comme Révélation Divine et nécessaire à la réformation de nos vies, mais comme
moyen de nous différencier des autres, et de justifier ce que nous vivons ou
pensons. Nous basculons dans la recherche essentielle du bien-être de l'homme et non plus dans celle de la volonté de Dieu.
Aux prises avec un tel courant contraire, la dynamique
spirituelle de formation du corps qu'est l'Eglise s'en retrouve contredite et
l'on assiste à un morcellement des valeurs unificatrices.
Dans cette quête, qui consiste à vouloir sans cesse se
démarquer, tout finit par être remis en question. Les bases sont ainsi renversées,
l'unité maltraitée et la Vérité révélée finie par s'estomper en de multiples vérités
tout aussi nombreuses qu'il y a d'individus.
Le morcellement formé par les ambitions de chacun, met en
relief l'état de rébellion des cœurs, un réel sur-dimensionnement de l’Ego, une
volonté de paraître et d'accomplissements personnels. Chacun ambitionnant son
propre petit royaume, se limitant à sa propre vie, sur lequel il règne en roitelet
plein de faiblesses.
L'homme n'est donc plus dans cette dynamique spirituelle de réformation
de sa vie à la lumière des Écritures et par l'action du Saint Esprit, mais dans
une volonté de réformer la Bible à la lumière de l'homme, de sa culture, de ses
nombreux présupposés et donc de l'état limité de ses connaissances. La pensée
libérale poursuit son œuvre et sera difficile à éradiquer…!
Les Écritures deviennent ainsi un moyen que l'homme utilise
pour son accomplissement personnel et sa foi (…ou plutôt sa philosophie de vie)
devient essentiellement possessive en recherchant Sa bénédiction, dans Son
église (quand il y va encore…) auprès de Son Dieu.
Aussi, la dimension sacrificielle et ses caractéristiques unifiantes
disparaissent peu à peu dans une logique d'anthropocentrisme adamique.
Influencés par la pensée postmoderniste qui pousse dans le
sens que chacun peut avoir sa propre vérité, les chrétiens mal affermis se
retrouvent séduits par ce déconstructionnisme de désunification et de
fragilisation qui s'annonce comme étant la voie permettant de sortir et de se libérer
de ce qu'ils caractérisent comme étant des systèmes. Systèmes dont ils sortent volontiers, pour finalement se retrouver à l'intérieur d'autres, étant donné qu'aucune
organisation humaine ne peut se coordonner sans mettre en place un système pour
la régir.
Un peu d'objectivité sur ce terrain permettrait sans doute d'assainir le
débat et d'éclairer les plus assombris…!
La résultante d'une telle idéologie est que l'ennemi n'est
plus perçu comme force d'action à l'extérieure de l'Eglise mais plutôt à l'intérieur
de l'Eglise, allant même jusqu'à l'intérieur des croyants nés de nouveau, dans
une "démonologie" de plus en plus croissante qui finalement se traduit par une
volonté de déculpabilisation du croyant en face de ses propres errances psychologiques et spirituelles.
Sur tous ces points précis, un parallélisme avec la
politique des états actuels, permet de prendre la mesure que ces pressions idéologiques
et spirituelles dépassent très largement les frontières ou le cadre de
l'Eglise.
Le combat spirituel et la lutte ne se dirigent donc plus à
l'extérieur de l'Eglise, afin d'œuvrer à bénir le monde par l'annonce du message
évangélique, mais à l'intérieur de l'Eglise afin d'en reverser ses fondements,
ses bases et ses colonnes par la remise en question systématique de tout ce qui
la caractérise. Pousser l'homme à l'individualisme en alimentant son orgueil est une stratégie aussi vieille que la chute édénique, mais combien encore efficace...!
Ce tri n'est pas de notre ressort ou de notre responsabilité,
mais de celle de Dieu qui œuvre à la sanctification de son Eglise dans ce temps
précis de l'histoire.
S'il y a tri, c'est encore par l'action de l'annonce du
message Évangélique selon l'orthodoxie qui lui convient, et l'action de l'Esprit
Saint qui l'a inspiré et l'accompagne dans son orthopraxie et son orthopathie.
De par son caractère éternel, l'Eglise demeure et nous devons
réaliser que le Christ n'a jamais cessé, à travers l'histoire, d'œuvrer à la
préparation et la sanctification de son Eglise, de son Épouse. Il y a sans
doute ici une dimension eschatologique qu'il nous faut embrasser, sans sombrer pour
autant dans un "eschatologisme" exacerbé ou une position de suffisance et de mépris de l'autre jugé trop souvent comme un apostate irréversible.
Paul écrivait dans Ephésiens
5.27 que Christ oeuvre"afin de faire paraître devant lui
cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte
et irrépréhensible."
Past.
Xavier LAVIE